Quels sont les critères de dérogation au 80 km/h

Une partie des sénateurs et des députés ont voté la possibilité que chaque département puisse décider de remonter certaines routes à 90 km/h. Quels  sont les critères pour choisir les routes les moins dangereuses à classer à 90 ? Si l'on prend de mauvais critères il y aura des morts. Si chaque département prend des critères différents des autres, cela ne plaira pas aux automobilistes et ils seront perdus. Il faut éviter une telle situation.

Le dossier du lien bleu ci-après analyse les bons et les mauvais critères - cliquez sur : Criteres de determination des routes moins dangereuses

Ci-après quelques extraits de ce dossier

Au-delà du souhait de prendre en compte les aspirations (le plaisir !) d'une partie des automobilistes qui, par inconscience (Inconscience) désirent rouler vite, d'une partie des présidents de conseils départementaux qui ont sollicité le relèvement à 90 km/h sur certaines routes, et d'une partie des parlementaires qui ont ouvert la porte à un désastre possible par des faux arguments (Faux arguments), au-delà de la trop faible action des autorités pour expliquer jusqu'à présent la mesure et pour délivrer maintenant des consignes, au-delà de tout cela, il importe aujourd'hui d'éviter le pire. Le pire serait que les départements se basent sur des critères subjectifs erronés (Choix faux) pour choisir les routes à 90 ce qui continuerait à générer des accidents graves ou se basent sur des critères différents selon les départements ce qui nuirait gravement à l'homogénéité qui est le principe cardinal de la signalisation. Éviter le pire en définissant les critères qui déterminent objectivement les caractéristiques d'une route MOINS dangereuse, que l'on peut maintenir à 90 km/h, ce qui permettrait de sauver l'essentiel des avantages attendus de l'abaissement à 80 km/h de la vitesse limite.

Les enjeux. Les enjeux sont de s'éloigner le moins possible du chiffre des 450 morts que cette mesure peut épargner, des 4,6 milliards d'euros de moins du coût à subir par la société, et surtout de limiter les malheurs engendrés dans les familles et sur les plans personnels :  des milliers d'usagers tués ou blessés à vie, des familles détruites, les études des leurs enfants compromises, leurs emplois et leur travail dégradés, leur santé altérée.

Les risques. Concrètement, en rase campagne, les trois plus grands risques sont les collisions frontales (environ 600 tués selon les années), les chocs contre obstacles latéraux (800 tués dont 550 contre arbres, poteaux, fossés, et glissières) et les carrefours (250 tués). C'est donc sur l'analyse des conditions de survenance de ces 3 types d'accidents que doivent se déterminer les critères de moindre dangerosité et partant, de possibilité de maintien à 90 km/h.

Les collisions frontales. La particularité de ce type d'accident est que l'on ne se tue pas seulement soi-même, comme c'est le cas d'une collision contre un arbre, mais on tue les autres : c'est un "homicide admis", c’est-à-dire qu'en roulant à 90 km/h on admet que si l'on dévie de sa trajectoire pour diverses raisons possibles (Diverses raisons), on risque de tuer ceux qui viennent en face alors qu'en roulant à 80 km/h il est parfois possible d'éviter la collision et si elle se produit, elle sera moins forte. Les parlementaires qui ont voté le 90 ont autorisé l'homicide admis.

Le 90 tue, le 80 épargne, parce que d'abord la décélération subie par la voiture au moment du choc est proportionnelle au carré de la vitesse, soit 21% de moins à 80 qu'à 90. Ensuite, après prise en compte des deux amoindrissement opérés par la déformation de la partie avant de la voiture et par le  limiteur d'effort de la ceinture de sécurité, il est établi que la décélération subie par les occupants est de 15 g pour un choc à 80 km/h et de 20 g pour un choc à 90 km/h, or à 15 g la décélération est supportable par le corps humain tandis qu'à  20 g il n'y a pratiquement aucune chance de survie car les viscères (poumon, cœur, etc.) sont projetés contre la paroi de la cage thoracique, de même le cerveau heurte la paroi frontale du crâne. Si on survit, les blessures sont très graves, handicapantes à vie. (voir Calcul).

Crash test texte amoindrissements

Deux erreurs à ne pas commettre, deux faux critères de classement d'une route à 90 : les lignes droites et l'absence d'accidents précédents.

1er faux critère de classement à 90 : Les lignes droites.

Le fait que la route soit en ligne droite n'est pas un critère suffisant  de moindre dangerosité car c'est justement sur les lignes droites que les automobilistes occasionnent les collisions frontales les plus meurtrières.

            L'explication est simple : si une collision frontale se produit sur une "belle route", rectiligne, où l'on peut rouler vite, l'accident fait plusieurs morts du fait que la vitesse de choc est forte. En plus, l'attention n'est pas concentrée et le conducteur succombe plus facilement à la tentation de manipuler ou de regarder les distracteurs tels que SMS et GPS visuel.

Les raisons de la déviation d'une voiture et de son déport sur la voie inverse sont multiples et imprévisibles (Diverses raisons), mais la cause de l'accident est la forte vitesse car elle rend l'évitement impossible et surtout qui transforme un accident ordinaire en accident mortel.

Inversement si l'accident survient sur une route de moyenne importance un peu sinueuse, dont les caractéristiques ne permettent pas une vitesse aussi forte, les accidents sont souvent moins graves, et parfois non mortel. Sur ces routes en virage, le conducteur reste en attention concentrée  et ne se laisse pas distraire (SMS, GPS visuel, ...) 

C'est sur les lignes droites que les automobilistes occasionnent les collisions frontales les plus meurtrières (3 ou 4 morts ou + ) : Montcenis 6 morts, Montboissier 4 morts, Courteranges 6 morts, Avrechy 6  morts, Saint-Pardoux 3 morts, Montbeugny 12 morts,  Frontignan 4 morts, Sainte-Catherine-Fierbois 3 morts, Philipsbourg 4 morts, Meaux 3 morts, Kintzheim 3 morts, Chaniers 4 morts, Marcei 4 morts, Voudenay 3 morts, Champigny 4 morts, La Guerche de Bretagne 3 morts.

2ème faux critère de classement à 90 : l'absence d'accidents précédemment.

 La deuxième erreur à ne pas commettre, le deuxième faux critère de classement en route "moins" dangereuse : l'absence d'accidents précédents constatés. Aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, il n'est pas envisageable de considérer qu'une route n'est pas dangereuse par le seul fait de constater qu'aucun accident important ne s'y est produit jusqu'à présent car on observe en effet généralement, lors de chaque accident que sur la route concernée il n'y avait pas eu d'accident grave précédemment : quelques exemples parmi des centaines d'autres : Montcenis (Saône-et-Loire) 6 morts sur la RD 680, Moux (Aude) 2 morts sur la RD 113, Gorrevod (Ain) 2 morts sur la RD 28, Frontignan (Hérault) 4 morts sur la RD 612.

Les 3 vrais critères objectifs de moindre dangerosité d'une route répondent aux 3 principales causes d'accidents de rase campagne : les collisions frontales, les obstacles latéraux et les carrefours.

Ces trois critères cumulés permettent de définir une route moins dangereuse sans pouvoir néanmoins la qualifier de route non dangereuse

1er critère de moindre dangerosité : disposer d'une zone de récupération latérale de 2 mètres.

Disposer en bord de chaussées, dans l'accotement d'une zone de récupération dérasée de 2 mètres  (mini 1,75 m), portante et roulable, stabilisée ou revêtue, pour permettre la récupération d'un véhicule déviant accidentellement de sa trajectoire, et surtout pour permettre une manœuvre d'urgence volontaire de déport sur la bande dérasée pour tenter d'esquiver une collision frontale imminente (Esquiver collision frontale) tout en gardant le contrôle de la trajectoire de la voiture. Cette zone de récupération est prévue dans le Guide d'Aménagement des Routes Principales (ARP) du SETRA (CEREMA actuel).

En l'absence d'une telle zone de récupération la seule façon d'amoindrir la violence d'une collision frontale à un niveau supportable par le corps humain est de limiter la vitesse à 80 km/h surtout pour les routes rectilignes.

La zone de récupération permet également d'éviter un véhicule tournant à gauche à un carrefour (Evitement tag en accotement ) et de permettre aux piétons et cyclistes de circuler en meilleure sécurité.

 

 

2ème critère de moindre dangerosité : disposer d'une zone de sécurité de 4 mètres

L'existence d'une zone de sécurité latérale jusqu'à 4 mètres de la chaussée sans obstacle : arbres, poteaux, fossés, glissières, parapets permet d'éviter les collisions contre obstacles latéraux. Les 4 mètres sont demandés par le Guide ARP (Aménagement des Routes Principales) du SETRA, actuel CEREMA.

 

3ème critère de moindre dangerosité : absence de carrefours ou nombre très très réduit de carrefours, surtout s'ils sont dangereux

Absence de carrefours dangereux tels que grands carrefours en croix aménagés avec une voie centrale de tourne à gauche (1ère photo ci-dessous), carrefours en croix sans îlot séparateur sur la voie secondaire (2ème photo ci-dessous), carrefour simple sans visibilité suffisante. Nombre réduit d'autres carrefours. Ce 3ème critère implique des intersections dénivelées ou des giratoires.

La sécurité impose de remplacer les carrefours avec voie centrale de tourne à gauche par des giratoires ou des passages supérieurs ou inférieurs

4ème et dernière condition pour remonter la vitesse à 90 km/h : des tronçons à 90 d'au moins 20 km

afin d'éviter les alternances trop fréquentes.

Afin d'éviter les alternances trop fréquentes de vitesse (80-90) qui exaspèrent au plus haut point les automobilistes, il est nécessaire qu'une section à 90 km/h fasse au moins 20 kilomètres de longueur. Pour satisfaire ce quatrième critère, des nuances faibles pourront être admises pour les trois premiers critères, des indications plus précises seront données sur ce point prochainement.

 

Il est essentiel que l'automobiliste, en plus de voir de temps en temps les panneaux 90, sente visuellement qu'il roule sur une route possédant ces trois critères.

Criteres de securite des routes

Amendement depose par les senateurs